“Bela Lugosi’s dead
Bela Lugosi’s dead
Bela Lugosi’s dead
Undead undead undead
Undead undead undead
Undead”

Bauhaus, Bela Lugosi’s dead, 1979.

La médecine dépossède le patient de son corps en le privant de son pouvoir de décision dès lors qu’il se retrouve à l’horizontal, isolé dans sa chambre d’hôpital. Les imageries de son intimité sont projetées sur les murs de la chambre, son temps ne lui appartient plus. Reprendre le contrôle sur le pouvoir médical devient un enjeu vital.

Lorsque le rapport d’analyse de ma tumeur du rein m’est revenu quelques mois après son ablation, tout le monde a été surpris par le caractère agressif du carcinome que décrivait le rapport. Par ailleurs le rapport indiquait que la tumeur n’avait pas été prélevé dans son ensemble. Il restait donc une partie de cet organe pirate accroché à la sommité de mon rein.

Au vue de mon casier médical déjà chargé et d’un décès récent dans ma famille, on m’orienta vers un oncogénéticien qui étudie les affinités de votre arbre généalogique avec les différents parfums de cancer. J’ai donc rencontré un homme suisse très fin dans des préfabriqués de la Pitié Salpêtrière qui se délitent depuis quelques dizaines d’années. Celui m’a évoqué un cancer génétique. Une mutation génétique qui ne permettraient plus à partir de 35 ans à certaines cellules cancéreuses que nous produisons par erreur de se suicider, nous laissant alors la proie de divers cancers potentiels.

Il me parut plus sain de trouver un moyen de conserver le contrôle sur mon existence. Je résolus de me procurer un Glock.
Pour acquérir une arme de ce type en France il est nécessaire d’être lié à une salle de tir sportif. Afin de s’abonner à un stand de tir il faut un certificat médical rédigé par son généraliste certifiant que votre état de santé est compatible avec la pratique du tir sportif. On ne donne pas de tels certificats aux malades. Mon généraliste comme mon analyste me le refusèrent.

J’ai donc commencé à m’intéresser aux plantes douées de pouvoir létal. Je collectionne uniquement celles qui sont mortelles à 3 grammes.

Lors d’une escapade dans la Meuse, j’ai découvert une véritable forêt de Ricin monté en graines devant l’église.

J’ai récolté les bogues gluantes sous la pluie et je les ai laissé mûrir sur le sol de l’atelier.

Le ricin est le seul poison dont il n’existe aucun antidote, il suffit d’une quantité très réduite de ricine en contact avec le réseau veineux pour décéder.